Pour cette troisième production, je souhaitais élargir quelque peu la palette de couleurs et l’utiliser pour renforcer l’impression de mouvement en jouant sur les contrastes et les harmonies, pour approfondir l’espace en intégrant la notion de plans successifs.
Ce travail de couleurs ajoute en contraste, détachant plus nettement les formes. Elles prennent ainsi corps en une entité, dégagé de toute figuration ou évocation d’une représentation connue.
Il y a, en revanche, la volonté de matérialiser une sorte de créature que le spectateur va rapprocher de son imaginaire afin que l’œuvre s’inscrive intimement en lui.
C’est véritablement dès cette œuvre que j’ai ressenti la nécessité de poser ces entités. Elles se révèlent, la majorité du temps de manière instinctive. C’est d’ailleurs lors de cette production que j’ai vécu une expérience singulière, qui arrive désormais presque à chaque création : l’oubli de soi. C’est une sensation où on se sent juste le véhicule d’une idée, où les gestes du pinceau, le choix de couleurs se font presque automatiquement.
On arrête d’intellectualiser et on ne fait juste que peindre. On devient la peinture. C’est une situation très particulière car on continue malgré tout de penser l’intention. En fait, on « sait » ce qu’il faut faire. On n’a plus aucun doute.
Ici je cherchais une mise en relation, une allégorie mettant en scène deux symboles : le carré, forme commune à toutes les œuvres de série, symbole d’un ordre dans son unité, comme une entité complète, et un signe vivant autour de lui, qui se love, l’étreint, peut le briser, le masquer ou le révéler.
Ce signe fantasmagorique peut être, comme ici, une incarnation de mythes destinés à appréhender le mystère de notre existence ; ou au contraire, la marque des chimères qui nous aveuglent ou nous ôtent toute quête de sens.
Couleurs prédominantes : Foncées et flashs.