Mathilde Basse - 18 Septembre 2025
Sandra Encaoua est une artiste peintre accomplie qui puise dans ses émotions pour créer des œuvres authentiques et vibrantes d'énergie. Depuis vingt ans, elle explore les techniques picturales avec une approche introspective, naviguant entre expressionnisme abstrait et portraits énigmatiques. Professeure de peinture et directrice artistique, elle partage son temps entre Paris et Miami, deux villes qui influencent profondément sa palette chromatique.
À travers cet article, plongez dans l'univers de cette artiste passionnée qui fait de l'émotion le moteur de sa création artistique.
Sandra Encaoua dessine depuis son plus jeune âge, mais son chemin vers l'art professionnel n'a pas été linéaire. « Je n'ai pas forcément fait tout de suite des études d'art, ce n'était pas un métier selon mes parents, ce que je peux comprendre rétrospectivement », confie-t-elle.
C'est à l'âge de 27-28 ans qu'elle décide de reprendre des cours de peinture pendant cinq années consécutives. Cette formation tardive mais déterminée lui permet d'acquérir les techniques fondamentales : « Sans la technique on est limité, donc je suis retournée à l'école et j'ai appris les techniques pour l'huile par exemple ».
Sa première exposition collective marque un tournant décisif : « J'ai fait ma première exposition collective et c'est parti tout seul ». Depuis, Sandra n'a cessé d'évoluer, participant à de nombreuses expositions à Paris, New York et Miami.
“Et la lumière fut” de Sandra Encaoua
Sandra évoque notamment l'influence de sa formation initiale en communication : « Je ne sais pas si ma formation en communication influence mon approche artistique, mais en tout cas elle me sert dans ma manière de communiquer pour partager ce que je fais ».
L'art de Sandra Encaoua a connu une transformation profonde au fil des années. « Je dirais qu'au début c'était plutôt figuratif parce que c'est peut-être plus simple de se cacher derrière les lignes et l'image, et ensuite quand on arrive à être plus à l'intérieur de soi, plus profond, les lignes se diluent », explique-t-elle. Pour l'artiste, cette évolution reflète un processus d'introspection où la représentation figurative cède progressivement la place à une expression plus abstraite et authentique.
Cette authenticité se manifeste particulièrement dans ses portraits abstraits, très expressifs, qui révèlent sa capacité à transmettre l'émotion pure à travers la couleur et la forme.
“Loss of words” et “Impermanence” de Sandra Encaoua
Sandra explique que le choix de ses techniques artistiques dépend principalement du temps qu'elle souhaite consacrer à chaque œuvre. Selon elle, l'aquarelle représente un processus rapide qui se déroule sur maximum 48 heures : elle travaille une à deux heures sur la peinture, laisse sécher, puis peut y revenir le lendemain pour finaliser l'œuvre. Cette rapidité d'exécution contraste fortement avec ses autres médiums de prédilection.
En effet, la peinture à l'huile demande un investissement temporel important et un processus créatif complètement différent. Sandra explique que cette technique nécessite au minimum trois mois de travail, avec la superposition de multiples couches de peinture et de glacis (vernis transparents colorés) qui nécessitent chacune un temps de séchage. Au cours de cette longue période de création, l'état d'esprit et les émotions de l'artiste évoluent naturellement, influençant directement l'œuvre en cours de réalisation, et créant une expérience artistique totalement différente de l'aquarelle.
“Love & Scars” et “A crack” de Sandra Encaoua
Cette différence temporelle influence directement l'énergie transmise à l'œuvre :
« Au-delà de la peinture, au-delà de l'image, on charge le tableau de notre énergie. On va le charger à un moment de l'énergie de joie qu'on peut avoir, et si deux semaines après on est très déprimé, on va aussi charger le tableau de ça ».
L'élément aquatique occupe une place centrale dans l'univers artistique de Sandra. Elle explique cette fascination par une connexion profonde avec cet élément :
« J'aime beaucoup créer sur le thème de la nature, notamment de l'eau, parce que l'eau c'est un vecteur d'émotion. Nous sommes constitués à 60% d'eau, donc nous sommes de l'eau, et nos émotions sont de l'eau ».
“Force” de Sandra Encaoua
Cette philosophie artistique, qui établit un lien direct entre la composition du corps humain et la nature des émotions, guide naturellement Sandra vers l'aquarelle. « J'essaye d'exprimer mes émotions à partir du liquide, d'où l'aquarelle qui est un médium très liquide, contrairement à l'acrylique qui pour moi l'est beaucoup moins ». Cette technique lui permet ainsi de matérialiser ses états d'âme à travers la fluidité même de son médium de prédilection.
La dualité géographique entre Paris et Miami enrichit considérablement l'œuvre de l’artiste. Pour elle, cette différence ne relève pas tant de la culture que de l'environnement lumineux : « Paris c'est plus froid, c'est plus gris, ce sont des couleurs plus sourdes, et Miami c'est la lumière, la couleur, la luminosité ».
Cette influence atmosphérique se traduit directement dans sa palette chromatique. Ainsi, la grisaille parisienne inspire des teintes plus sourdes tandis que l'éclat de la Floride nourrit des compositions plus lumineuses et vibrantes.
Cette sensibilité à l'environnement témoigne de sa capacité à absorber et retranscrire les atmosphères dans ses créations.
Sandra Encaoua intègre des concepts philosophiques profonds dans son art. L'impermanence japonaise trouve un écho particulier dans son travail :
« L'impermanence est le fait que tout change tout le temps, tout est en mouvement tout le temps, et ce à quoi on tenait un moment peut disparaître le moment d'après ».
Le concept de kintsugi, l'art japonais de réparer avec de l'or, résonne également avec sa vision : « C'est une technique japonaise de réparation des porcelaines fines qui ont été cassées. On colle et on saupoudre la colle de poudre d'or ou d’argent. L'objet réparé est ainsi sublimé, beaucoup plus beau et intéressant qu’avant d'être cassé ».
“Kintsugi” de Sandra Encaoua
Cette philosophie de la résilience s'applique à la condition humaine : « On a des failles, on est abîmé par la vie, mais tout le but c'est d'en faire quelque chose de plus beau et d'en sortir plus fort et plus beau dans notre vulnérabilité».
Pour rendre ces concepts accessibles au spectateur, Sandra associe des phrases ou citations à ses œuvres. « C'est une dimension très importante parce que quand on peint, on sait ce qu'on veut dire, mais ce n'est pas forcément évident pour les personnes qui regardent ».
La création chez Sandra Encaoua suit un rituel précis qui favorise l'inspiration. « J'ouvre la porte de l'atelier, je mets la lumière, ensuite je mets mon matériel en place, et je mets de la musique parce que j'ai besoin d'être dans une sorte d'auto-hypnose pour pouvoir être au plus près de l’énergie du moment ».
La musique joue un rôle fondamental dans son processus créatif : « Je travaille en musique selon mon énergie et mon émotion du moment. Il y a des toiles que j'ai peintes sur Eminem, il y a des toiles que je peins sur du Vivaldi ».
La série "Poker Face" explore avec une acuité particulière les masques sociaux que nous portons tous, questionnant les mécanismes de dissimulation inhérents à la condition humaine moderne.
Cette série révèle la dualité fondamentale de l'être humain, tiraillé entre le désir d'authenticité et la nécessité de protection sociale. Sandra utilise le symbolisme de l'œil pour matérialiser cette tension, exprimant sa propre façon de se dissimuler à travers un œil révélé et un œil caché.
L'artiste souligne que cette dissimulation, bien que nécessaire, constitue également un enfermement. Cette métaphore visuelle du regard partiellement voilé traduit l'ambivalence de notre rapport à l'autre : nous révéler tout en nous préservant, communiquer tout en gardant nos secrets les plus intimes.
“Pensée” de la série “Poker Face” de Sandra Encaoua
Elle soulève ainsi une problématique universelle : comment concilier notre besoin d'appartenance sociale avec notre quête d'authenticité ? La dissimulation devient alors paradoxalement refuge et enfermement, nécessité vitale et entrave à l'épanouissement personnel.
« Ensuite, la série s'est ouverte, les personnages n'étaient pas cachés, ils étaient par contre plus éthérés, plus abstraits ». Cette transformation reflète son passage vers une expression plus libre, où les figures abstraites transcrivent ses états d'âme sans contrainte. Ces portraits plus abstraits font partie de sa série "Passing Through".
“Dreamy nebula” de la série “Passing Through” de Sandra Encaoua
La série "Earth's Memory" constitue un témoignage universel : « "Earth's Memory", c'est pour moi ma mémoire de terre, c'est un peu tout ce dont on se souviendra quand on ne sera plus sur terre ».
Cette série capture les éléments qui bouleversent l'artiste : « Ce sont des choses qui peuvent m'émouvoir, qui me touchent : les forces déchaînées, le calme d'une mer. Ça rejoint les émotions, c'est toujours en lien avec qui on est et ce qu'on ressent ».
“Flotter” de Sandra Encaoua
Sandra Encaoua prépare plusieurs événements artistiques importants. Elle participera aux journées portes ouvertes des ateliers d'artistes de Saint-Maur les 27 et 28 septembre, permettant au public de découvrir son atelier et son processus créatif.
Elle prendra également part aux “12èmes Rencontres cathédrale” sur le thème de l’Espérance" à la cathédrale de Créteil, événement célébrant une décennie d'ouverture et de rayonnement spirituel de ce lieu. Dans le cadre de cet événement, Sandra présentera une de ses toiles, contribuant ainsi au dialogue entre art contemporain et spiritualité. Cette exposition, qui rassemble artistes, croyants et amateurs d'art autour de valeurs communes, correspond parfaitement à sa sensibilité pour l'œcuménisme et la dimension sacrée de la création artistique.
Parallèlement, elle continue d'enseigner la peinture, transmettant sa passion et ses techniques à de nouveaux élèves.
« Lumière, fréquence et vibration ».
« J'ai commencé à travailler avec The Art Cycle il y a cinq ans, une entreprise super dynamique, et j'espère que la collaboration durera encore longtemps ! ».
Sandra Encaoua incarne l'artiste contemporaine dans toute sa complexité : technique maîtrisée, sensibilité exacerbée et philosophie de vie profonde. Son art, nourri par ses voyages entre Paris et Miami, ses explorations techniques et sa quête spirituelle, offre au spectateur une expérience émotionnelle authentique.
L'artiste évoque cette dimension spirituelle de la création, expliquant que nous sommes tous connectés horizontalement mais aussi verticalement, et que quelque chose nous nourrit et passe à travers nous, notamment par nos mains. Cette vision holistique de la création fait de Sandra Encaoua une artiste singulière, capable de transformer l'émotion pure en œuvres vibrantes d'humanité.
Entre masques et révélations, entre impermanence et résilience, son œuvre nous invite à un voyage introspectif où chaque toile devient un miroir de nos propres questionnements. Dans un monde où l'authenticité se fait rare, Sandra Encaoua nous rappelle que l'art demeure ce langage universel capable de toucher l'âme au-delà des mots.
Découvrez les œuvres de Sandra Encaoua sur The Art Cycle et laissez-vous porter par la puissance émotionnelle de ses créations.
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