Mathilde Basse - 10 Avril 2025
Autodidacte, intuitive, profondément humaine, Jule est une artiste peintre pour qui la toile devient le miroir d’une vie intérieure foisonnante. Son œuvre ne suit aucun thème figé ni processus académique, elle naît dans l’instant, au cœur des émotions. Nourrie par une liberté créative totale, elle explore la peinture comme un langage sensible, un moyen d’expression intime et universel à la fois.
Installée dans un atelier partagé au Perreux aux côtés de l’artiste Paul Maz, elle développe un univers personnel où se croisent souvenirs d’enfance, besoin d’expression, et quête de liberté. Dans cet article, partez à la rencontre de cette artiste singulière.
Jule n’a pas fréquenté les écoles d’art. Son parcours s’est construit autrement, dans l’intimité d’un besoin vital de créer.
« Petite, j’adorais dessiner, créer, construire… écrire aussi, faire des petites histoires, des bandes dessinées. »
Mais ce n’est qu’à l’âge adulte, après avoir eu ses deux filles et s’être installée à Zurich, qu’elle s’est vraiment autorisée à peindre. Cette étape, survenue il y a une vingtaine d’années, marque un tournant dans sa vie. Elle suit d’abord des cours de peinture et de dessin dans un atelier, avant de décider de travailler en autonomie et d’ouvrir son propre espace de création.
Quelque temps après ses débuts, Jule est repérée par une femme à Zurich qui entre chez elle par hasard. En découvrant les toiles de Jule accrochées dans son salon, cette dernière est immédiatement intriguée par son univers et son travail. Elle la met alors en relation avec une galerie parisienne, lui permettant ainsi de faire sa première exposition, boulevard Raspail à Paris. L’accueil y est très positif, ce qui encourage Jule à poursuivre dans cette voie. « Ça a bien démarré, j’ai eu un très bon accueil. »
Elle poursuit alors son activité artistique à Zurich, où elle organise plusieurs expositions et continue d’affiner sa pratique. Par la suite, elle retourne vivre en France et installe son atelier au Perreux, en région parisienne. Un court séjour à Munich, où elle suit son mari en mission, interrompt brièvement son ancrage local, mais elle revient rapidement au Perreux, où elle travaille encore aujourd’hui.
Atelier 29 au Perreux / Jule dans son atelier
Malgré ses déménagements, Jule n’a jamais cessé de peindre, ni d’exposer : une continuité portée par le besoin profond de créer. Jule ne suit pas les tendances, elle suit son rythme, ses élans, sa nécessité intérieure.
Si la peinture est son médium principal, Jule explore aussi le modelage, l’écriture, et même la danse à travers l'art thérapie. Diplômée récemment en art-thérapie, elle perçoit l’art comme un outil de transformation et de reconnexion à soi. Dans ses œuvres, cette pluridisciplinarité transparaît. Le geste du corps, le rythme des mots, la sensualité de la matière s’entrelacent pour former un langage unique.
Au cœur de la démarche de Jule, il y a la matière, presque vivante sous ses doigts. Elle l’utilise comme un vecteur d’émotions, un moyen de retranscrire ce qui ne peut être mis en mots.
L’artiste aime mélanger, expérimenter, explorer des combinaisons inattendues. Le tableau devient alors un véritable laboratoire d’essais sensibles, où la réussite n’est jamais garantie, et l’erreur, une richesse.
Il n’y a pas de thème chez Jule. Pas d’image de départ, pas de concept, pas de scénario. Ce qui déclenche le geste, c’est l’émotion brute.
Elle explique :
« Tout est à l’intérieur de moi. À un moment donné, ça sort. »
La vie, les rencontres, les séparations, les transformations deviennent des impulsions. Dans son œuvre “Séparer les chemins”, elle évoque la douleur du détachement, mais aussi sa réparation possible.
“Séparer les chemins” de Jule
Le travail de Jule ne se résume jamais à un message figé : chaque spectateur y trouve une part de lui-même. Elle est souvent surprise par ce que ses œuvres font émerger chez les autres :
« On voit beaucoup de choses dans mes toiles que je n’ai pas voulu mettre… ça crée l’imaginaire chez le regardeur. »
Le processus créatif de Jule est entièrement guidé par l’instinct. Pas de règles, pas de méthodes strictes :
« Mon processus, c’est une grande liberté. »
Elle a besoin d’espace, de silence ou de musique, de la possibilité de salir, de renverser, de se laisser emporter.
« Il faut que je puisse me dire : c’est pas grave si je m’en mets partout. Sinon, ça me freine dans ma création. »
Mais cette spontanéité n’exclut pas la recherche : elle travaille longuement ses compositions, notamment dans ses aplats de couleurs, un travail récent et exigeant.
« Je passe plus de temps sur ces aplats de couleur que sur mes toiles qui sont beaucoup plus dans l’expression immédiate. »
Série “Vue du ciel” : “Duel au soleil” et “La grâce” de Jule
Même si elle ne s’en inspire pas directement, Jule reconnaît l’empreinte de son enfance à la campagne dans ses créations. Les formes, les rythmes, les masses de couleur évoquent parfois des paysages vus d’en haut.
« Je dis souvent : vu du ciel, vu de la lune, vu du soleil… en tout cas c’est vu d’en haut. »
Cette lecture aérienne et organique apporte à son travail une dimension presque géographique, où l’abstraction devient territoire sensible.
Jule se souvient avec amusement de sa première exposition, lorsqu’un acheteur belge lui achète une toile non signée :
« Il m’a invitée à Bruxelles pour la signer. Il a payé l’hôtel et le train. J’ai signé le tableau chez lui. »
Une histoire singulière qui reflète parfaitement l’univers de l’artiste : une œuvre inachevée devient un prétexte à la rencontre, à l’humain, à la vie.
Quand on lui demande de définir son univers, Jule répond sans hésiter :
“Abstraction. Expression. Intuition.”
Trois mots qui résument l’ensemble de son parcours et de son œuvre : un art libre, profond, qui ne cherche pas à plaire mais à être vrai.
Depuis deux ans, Jule travaille avec The Art Cycle, un partenariat qu’elle apprécie particulièrement :
« J’ai une grande gratitude envers les gens qui soutiennent et aident les artistes à donner de la visibilité à leur art. »
Elle souligne l’importance de cet accompagnement dans un milieu artistique souvent fermé, et salue la proximité humaine que propose The Art Cycle dans ses échanges avec les artistes.
Jule est une artiste de l’intime, de l’émotion et du geste. Son travail se construit dans l’instant, dans le ressenti, dans l’énergie du présent. Il ne cherche ni à décorer, ni à démontrer : il cherche à toucher, à raconter, à faire ressentir.
Dans un monde souvent codifié, Jule rappelle que l’art peut être libre, mouvant, profondément personnel.
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