Audrey Abraham - 04 Avril 2019
Supermarket Lady (1969)
Le mouvement hyperréaliste, né en 1965 aux Etats-Unis, prend appui sur la photographie pour créer une œuvre au réalisme illusionniste. Principalement pratiqué en peinture, l’hyperréalisme s’est aussi développé autour de la sculpture.
L’hyperréalisme consiste en la reproduction d’une image de manière tellement réaliste que le spectateur vient à se demander si l’œuvre produite est réelle ou non. Largement influencé par le mouvement Pop Art, l’hyperréalisme constitue souvent une critique de la société de consommation. Les peintures et sculptures de cette période représentent souvent des scènes de la vie courante, des portraits. S’il reprend des symboles populaires, le mouvement hyperréaliste s’oppose au Pop Art car il est bien moins abstrait : beaucoup plus figuratif.
Les techniques utilisées par les artistes du mouvement sont diverses mais trouvent toute leur origine autour d’une photographie en tant que modèle. Pour reproduire la réalité à l’identique, les peintres projettent parfois l’image sur la toile grâce à un rétro projecteur et dessinent ainsi l’image au détail près. D’autres techniques consistent à peindre directement sur la photographie imprimée en très grand format ou encore à quadriller la photographie pour reproduire l’œuvre case par case (technique de la mise au carreau).
L'objectif de l’artiste est toujours de montrer la réalité brute, neutre, d’en faire un simple objet.
L’hyperréalisme se constitue ainsi en véritable miroir de la vie quotidienne – souvent américaine. Le fameux American way of life est représenté dans bon nombre d’œuvres.
C’est le cas dans l’œuvre de Norman Rockwell (1894-1978) qui fut l’un des annonciateurs de l’hyperréalisme. Le peintre réalise notamment de nombreuses illustrations et couvertures pour des quotidiens américains tels que le Saturday Evening Post. Dès lors, il devient le peintre de l’Américain moyen. Il représente des scènes vie, mettant en avant des emblèmes américains.
La plus fameuse de ses œuvres s’intitule les Quatre Libertés (1942). Il réalise quatre illustrations représentant le discours de Roosevelt prononcé au Congrès le 6 janvier 1941, véritable symbole de l’idéal américain. Il y exprime la liberté de parole, la liberté de culte, la liberté de vivre à l’abri de la peur et du besoin.
Sa technique est très novatrice pour l’époque et installe l’avènement de l’hyperréalisme. Norman Rockwell se sert de la photographie pour éviter à ses modèles des temps de pose trop longs.
Face au succès de l’illustrateur Norman Rockwell, grand promoteur de l’American way of life, une large part du mouvement s’attache à prendre le contrepied de ces idéaux. Critique de la société de consommation, pauvreté, dépendance : ces artistes deviennent les porte-paroles de la classe moyenne ou des marginaux loin des idéaux américains.
C’est le cas de la sculpture la plus emblématique du mouvement : Supermarket Lady (1969) de Duane Hanson. Réalisée d’après le moulage du corps d’un modèle vivant, l’œuvre mesure 1 mètre 66 centimètres. Faite de fibre de verre et de résine, peinte et accessoirisée, elle retranscrit fidèlement tous les détails physiques du modèle.
Supermarket Lady illustre la société américaine des années 1960 plongée dans la consommation de masse. Duane Hanson (1925-1996) réalisa de nombreuses sculptures en résine sur ce modèle, ce qui devint sa marque de fabrique.
Baby in stroller, Duane Hanson, 1995
En France, le mouvement hyperréaliste connaît un succès relatif. François Bricq (1937-2013) est l’un des artistes les plus reconnus en la matière.
Dans les années 1970, il emprunte à son tour le support photographique pour réaliser des tableaux d’une parfaite maîtrise technique. Bricq se passionne pour les surfaces métalliques, notamment celles des carlingues et hélices d’avions : une fascination qui lui vaut le titre de Peintre de l’air de 1982 à 2005.
KING AIR LIGHT, François Bircq
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