Interview Christiane Guerry - Artiste Peintre & Sculpteur

À LA RENCONTRE DE ...

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Cyrielle Bisson - 18 Septembre 2019

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Cette semaine The Art Cycle vous présente Christiane Guerry, la Peintre des couleurs. Dans son œuvre à la fois vivante, riche en bruit et en musique, on retrouve aussi comme en filigrane le motif poétique de la fuite du temps. Entre art primitif et art abstrait, l’artiste revient sur son parcours coloré dans le monde de l’art.  

• • • Quelles sont vos principales sources d’inspiration ? 

Je peins ce qu’on appelle des scènes de vie. Tout type de personnage m’inspire, que cela soit des enfants, des adultes, des groupes… Je ne suis pas passionnée par l’étude de paysage… ou bien alors je les réinvente ! Les paysages fidèles à la réalité sont pour la photographie, personnellement je préfère les détourner plutôt que de les reproduire à la perfection. Pendant longtemps, j’ai aussi été très inspirée par la musique car mon père était ténor. 

• • • Les artistes qui vous parlent le plus ? 

Cézane, Van Gogh, Renoir… même si j’ai mis longtemps à me familiariser avec leurs œuvres. La plupart du temps, c’est en visitant leurs ateliers que je me suis mise à aimer leurs toiles.

Nous avons un rapport à la couleur différent eux et moi… mais qui m’inspire également tout autant ! Je rajouterai également Turner pour sa matière et sa lumière, ainsi que Frida Kahlo et Alice Neel pour leurs scènes de vie.

• • • Où peignez-vous ?

Je peins chez moi, car cela me permet d’avoir tout à disposition. J’ai eu en tout et pour tout quatre ateliers, cependant cette proximité me gênait au sein de mon travail. J’ai donc fini par préférer travailler seule. 

• • • Une exposition marquante où vous avez exposé vos œuvres ? 

J’ai exposé mes toiles au musée de Sharjah aux Émirats arabes unis en 2005. Ça a été un privilège de côtoyer le luxe, mais une toute autre réalité de côtoyer la précarité et la misère. En particulier la misère enfantine.

Pour revenir à une période plus actuelle, j’expose en ce moment à Nice chez Georgio, au 9 Rue Boyer. Le vernissage a eu lieu le 28 Juin, et l'exposition s'étend sur 6 mois.

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• • • Sur quels projets travaillez-vous en ce moment ? 

Très bonne question, en lien avec la précédente ! Je prends particulièrement à cœur le développement des pays défavorisés, et j’adore travailler avec des enfants. Je travaille donc en ce moment sur un projet d’atelier de peinture pour les enfants des pays défavorisés. Cet atelier serait réalisé au Sénégal. Mon but est à terme d’y créer une école de dessin, un lieu de création, d’apprentissage et d’évasion pour les enfants sénégalais. 

• • • Vos voyages vous ont-ils inspirée dans votre création ? 

Énormément. Dans les personnages, les formes floues, les aplats de couleur... Tous mes voyages restent dans ma tête mais ressortent sur la toile.

J’ai également passé beaucoup de temps en Italie, pays natal de mon père. En ce moment et depuis plusieurs années déjà, je rêve d’Asie et plus particulièrement du Bhoutan .

• • • D’où vous vient votre surnom « Peintre des couleurs » ? 

Quand j’avais 18 ans j’ai rencontré l’artiste peintre Mercedes Henry. Cette rencontre décisive a orienté pendant deux ans ma manière de peindre, puisque j’ai majoritairement appris avec elle. Mercedes m’a appris la technique et le travail des couteaux, avant que je m’envole de mes propres ailes. J’ai ensuite toujours vécu de mon art, même si cela n’a pas été facile tous les jours ! 

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• • • Faîtes-vous des croquis préparatoires pour vos œuvres, ou travaillez-vous d’un seul jet ? 

L’idée nait et murit dans ma tête, mais j’aime les choses abouties donc j’ai besoin de croquis. Cependant, cela m’arrive parfois de suivre mon idée pour voir où elle me mènera. 

• • • A quoi sert l’art pour vous ? 

L’art est un moyen de communication universel, un langage. Tout passe par l’œil en art, c’est comme ça que l’on réunit les gens : grâce à ce fil conducteur, un des seuls qui puisse nous rassembler.

• • • Quelle est la première toile que vous avez vendue ? Qu’avez-vous ressenti ? 

J’avais 20 ans, j’exposais à Grenoble. Je me souviens avoir été très heureuse que ma toile plaise, très fière aussi. Elle représentait une femme de dos, je la revois comme si c’était hier.

• • • Trois mots qui décrivent votre travail ?

Intemporel, obsessionnel et informel. 

• • • Quel a été votre ressenti après avoir participé à la première exposition the Art Cycle ? 

C’était inspirant et très sympathique, ça m’a donné l’occasion de rencontrer tout type d’artistes, que cela soit des photographes, des sculpteurs ou des peintres… C’est toujours agréable de créer un réseau. J’ai par exemple eu l’occasion de discuter longuement avec Valérie Fovet, avec qui j’ai pu garder contact depuis.

• • • Quelles sont les techniques que vous utilisez ? 

Toutes sortes de techniques ! J’ai démarré avec le couteau, maintenant je réalise énormément de collages, j’y inclus des effets comme le grattage de la toile ; ou encore des supports de type enduit. Une chose revient sans cesse : la couleur.

Récemment je me suis aussi tournée vers la sculpture, ou je retrouve une « dimension supplémentaire », comme dans la 3 dimension. Lorsque je sculpte, j’utilise le bois, le fer, le grillage, le papier, le carton, l’argile, le plâtre… la liste en longue !

Mais en définitive, je dirais que j’ai abandonné le plâtrage sur toile pour tendre vers quelque chose de plus réel.

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• • • Que diriez-vous à un artiste qui débute aujourd’hui ? 

Que les années apportent la sagesse et le calme et qu’il ne faut pas attendre dès le départ la consécration. Il est improbable de vivre de ses œuvres au sens matériel, on s’en nourrit au fil des années tout en évitant de tomber dans la peinture à la demande. 

• • • Quelle est la ville la plus tournée vers l’art selon vous ?  

Cela reste Paris, la capitale de l’art et de tous les arts.

Je reconnais également le potentiel des villes italiennes, ex æquo avec Londres. Ce sont des villes modestes, et libérées sur le plan des arts.

• • • Si vous ne deviez utiliser une couleur prédominante pour votre prochaine toile ? 

Cela serait une qui n’en est pas une : le blanc.

En la juxtaposant avec d’autres couleurs, le blanc devient changeant. Comme un point lumineux qui s’adapte à toutes les couleurs. Et puis, sans la lumière blanche on ne verrait pas les couleurs.

• • • En parlant de blanc, avez-vous déjà eu le syndrome de la toile blanche ? 

Jamais ! Et je touche du bois, j’ai toujours la fougue créative. 

• • • Une oeuvre réussie c’est une oeuvre qui…. 

Supporterait mon regard et mon analyse, car j’aime ce qui est abouti. 

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• • • Vous êtes libre d’organiser votre propre expo où vous voulez : vous la faites où ? 

À la Fondation Maeght à St Paul de Vence. C’est un lieu extraordinaire, avec une architecture fabuleuse et surtout très lumineuse. 

• • • Que diriez-vous à la Christiane Guerry d’il y a quelques années ? 

 « Poses-toi et arrête de courir partout ! » et « la sagesse apporte beaucoup de choses ». 


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