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Corol : le sculpteur de la nature

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Mathilde Basse - 8 Mai 2025

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Corol se définit lui-même comme « le sculpteur de la nature et le peintre de la matière ». Autodidacte passionné, il compose des œuvres hybrides à partir de matières naturelles comme le bois, gorgones, ronces ou mousses en leur insufflant une seconde vie. Traversé par une sensibilité assumée, il cherche à retranscrire l’émerveillement que lui inspire le vivant, dans des œuvres à la fois délicates et puissantes. Chaque sculpture devient un assemblage poétique, où chaque matière raconte une histoire.

À travers cet article, découvrez son parcours atypique, ses inspirations, ses œuvres emblématiques et son projet cinématographique en cours, qui promet de faire dialoguer la sculpture avec l’image animée.

• • • Un parcours façonné par la nature et la transmission

Tout commence dans les années 80. Corol a 16 ans, il dessine avec des amis, fait des vidéos… mais c’est dans le magasin de fleurs de sa mère qu’il vit une révélation :

« Ma maman, qui est une fleuriste exceptionnelle, décide de m’inviter dans son magasin, à partager sa vie. Je rencontre la composition florale et là, c’est une révélation. »

La composition devient pour lui un dialogue entre nature et matière, un émerveillement permanent. Très jeune, il accompagne sa mère au magasin, qui porte d’ailleurs son nom, Corol. Il y passe ses jeudis et ses week-ends, fasciné par les fleurs, les mousses et les cocottes de pin.

« Dès que ma mère m’a invité à composer, tout était devant moi. C’était beau comme j’en rêvais. »

Corol se rêvait pâtissier enfant, pour suivre le parcours de son grand-père, mais c’est bien la composition florale qui l’emporte, et qui l’amènera à devenir artiste.

Un événement marquant va venir bouleverser son regard sur la matière : la découverte des gorgones. En 1989, alors qu’il prépare une composition pour le chef Guy Savoy, en pleine ouverture de son nouveau restaurant et la publication d’un livre autour des saisons, il trouve à Rungis, chez un fournisseur hollandais, des gorgones enveloppées dans du plastique :

« J’ai vu ces premières gorgones couleur corail, enveloppées comme un vulgaire produit. J’ai été interloqué. »

“Refuge” et “Massif” de Corol

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C’est un choc esthétique, mais aussi un questionnement éthique :
« On comprend que c’est du pillage de la mer, mais on est devant des merveilles. »

Il achète tout le stock. Ce sera le point de départ d’une longue relation avec cette matière marine. Huit ans plus tard, il découvre une seconde variété de gorgones, puis une troisième, formant ce qu’il appelle un triptyque offert par la nature :
« La gorgone corail, la gorgone beige, la gorgone noire. Chacune avec leur texture. C’est sublime. »

“Hermite” de Corol

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C’est à partir de ces formes organiques, entre mer et forêt, que se construit peu à peu son univers.

• • • Entre mer et forêt : des inspirations organiques

L’univers de Corol est peuplé de matières naturelles : bois rares, ronces, mousses, épine-vinette… « J’ai toujours cherché l’inspiration dans toutes les beautés que la Terre peut nous donner. »


Il évoque notamment la mer et le bois comme des sources d’inspiration majeures. Il raconte aussi lorsqu'il a découvert la richesse des essences de bois :

« Ce sont des morceaux de bois qui sont déjà des œuvres d’art. »

Ses sculptures deviennent alors des compositions à partir de matériaux « trouvés », mais choisis pour leur puissance esthétique et symbolique. Il les assemble, les tricote, les relie au fil de fer.

Corol manipulant le bois

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• • • Une sensibilité au cœur du processus

« Le principe même de la sensibilité, c’est la capacité de s’émerveiller devant ce qui nous est donné. »

La sensibilité est le fil conducteur de toute son œuvre. Il l’assume pleinement, aussi bien dans son rapport aux matériaux que dans sa relation au public. Chaque pièce est accompagnée d’un texte en alexandrin, comme un écho poétique à sa sculpture. Il parle d’un dialogue entre la matière et lui, mais aussi entre l’œuvre et celui qui la regarde.

« J’aime l’écriture. Chaque pièce est accompagnée de son texte, court mais fort.»

Les œuvres de Corol ont même suscité l’émerveillement des enfants lors d’une exposition parisienne : « L’accueil que les enfants m’ont réservé… J’étais sur le chemin des écoles… C’était bouleversant. »

• • • Des sculptures à la personnalité vivante



Chaque sculpture est un être potentiel, avec sa propre énergie. Corol découvre leur caractère au fil de l’assemblage. Il parle de la matière comme d’un vecteur de message : elle lui « parle », lui « impose » parfois un titre ou une intention.

Certaines œuvres, comme « Astral », semblent joyeuses, d’autres plus solennelles. L’assemblage crée un équilibre émotionnel, un personnage, une présence. Cette incarnation artistique est aussi portée par son goût pour l’écriture, chaque sculpture étant accompagnée d’un texte.


 « Astral » de Corol

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• • • Une philosophie de l’assemblage

L’éthique écologique et la valorisation du don de la nature guident sa démarche. Issu du monde floral, il rejette le gâchis, travaille ce que la nature lui offre, sans jamais forcer la forme ou la matière. « Le gâchis ne fait pas partie de nos univers. »

Ses œuvres ne sont jamais des compositions hasardeuses. Elles naissent d’un respect profond pour la matière, qui mérite selon lui d’être célébrée, et non jetée. Travailler par récupération, c’est pour lui un acte de transmission et de mémoire.

• • • Un processus de création guidé par la matière

Le processus de Corol commence dès la rencontre avec la matière. Chez ses fournisseurs ou lors de collectes, il ressent un véritable choc visuel devant les textures et les formes.«Il faut bien regarder ce qu’on a en face de soi, et simplement l’harmoniser.»

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Oeuvres de Corol

Chaque œuvre débute par une phase d’observation : il pose les éléments sur sa table, les regarde, les associe. Il parle de communion entre les matières et d’équilibre.

Il travaille avec des moyens simples, colle, fil de fer, perceuse, parfois du tricotage pour lier les gorgones entre elles. Pour lui, une bonne sculpture naît d’une harmonie spontanée, presque instinctive.

Côté médiums, il affectionne particulièrement le bois, pour ses textures, ses teintes, son histoire. Mais il aime aussi les mousses, les cocottes de pin, les gorgones… tout ce que la nature offre de vivant et d’expressif.

• • • Une œuvre en expansion : projet cinématographique

Aujourd’hui, Corol se lance dans un projet inédit : un film d’animation en 3D autour de son univers artistique. Les gorgones y deviennent vivantes, quittent leur socle, s’animent, dialoguent. « Les personnages vont s’envoler sur les murs. Il y a un message à délivrer. »

Le film sera poétique, romantique, pédagogique aussi. Il s’appuiera sur ses sculptures, ses textes, son regard.

oeuvre de Corol / “Aligato” de Corol

• • • Son univers artistique en 3 mots

Nature, beauté, composition.

• • • Sa collaboration avec The Art Cycle




Corol a rejoint The Art Cycle en 2024. Il a participé à l’exposition du Workspace Expo, où sa pièce « Allégresse » a été mise à l’honneur.

Il voit dans cette collaboration une opportunité de faire connaître son univers et d’ouvrir le dialogue avec de nouveaux publics :

« Vous êtes jeunes et dynamiques. Je vous invite à interpréter mon travail pour votre clientèle. »


“Allégresse” de Corol

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• • •  Le mot de la fin

À travers ses sculptures sensibles, Corol offre une vision du monde pleine d’humilité et de poésie. Son travail, enraciné dans l’amour du bois, des formes organiques et de la composition florale, s’impose comme un hommage vibrant à la nature. Chaque pièce devient un récit silencieux, où le regard est invité à écouter. « Il faut savourer l’émerveillement. »

Merci à lui pour cet échange inspirant.

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