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Jean-Robert Franco, un artiste à la grande sensibilité artistique

À LA RENCONTRE DE ...

Tiphaine Raussou - 1 juillet 2021

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                                                            Jean-Robert Franco dans son atelier

La semaine dernière, nous sommes allées à la rencontre de l’artiste photographe Jean Robert Franco dans son atelier du 11ème arrondissement de Paris.

Après avoir étudié en France et aux États-Unis puis travaillé en tant que consultant en management, Jean-Robert Franco a finalement décidé de se consacrer pleinement à la photographie. Nous avons discuté de son parcours, de ses projets et de ses inspirations.

Cet artiste, avec un style proche d’Edward Hopper ou David Hockney, nous inspire par des œuvres qui dégagent beaucoup d’émotions.  

• • • Une passion évolutive  

Jean-Robert Franco est un photographe parisien d’origine niçoise. Il nous raconte son parcours et comment, à terme, il s’est éloigné de ses activités professionnelles pour se rapprocher d’un travail de plus en plus artistique, et s’y consacrer entièrement.

« Je crois que le besoin de photographier était quelque chose de très profond chez moi, j’ai toujours eu ce besoin de capturer des choses, de créer des images ».  

Être photographe n’était pas un hasard, tout jeune, déjà, il capturait des formes abstraites, et poétiques, comme les nuages.

 « J’ai continué mes études, et, pendant une période, j’exerçais mon activité professionnelle la journée : je formais des ingénieurs et des cadres au management, et le soir je faisais des photos de mode. J’étais dans deux domaines différents. De manière un peu schizophrénique, la journée, avec les ingénieurs, il fallait que j’apparaisse comme un spécialiste de l’entreprise, et le soir, j’imaginais des photos de mode, vers minuit chez-moi, avec toutes sortes de mannequins qui défilaient. »

Après 10 ans à travailler pour des magazines de mode, il rejoint, au début des années 80, l’agence de reportages Viva.

« Pour le photojournalisme, il s’agissait de rendre compte de certains phénomènes sociaux dans certains pays. Entre 1983 et 1994, je suis souvent allé à Cuba. Je faisais des reportages sur la vie quotidienne et la vie artistique.

En 1984, j’étais un des premiers photoreporters européens à travailler à Cuba. Pour moi, c’était une découverte. Je commençais beaucoup à m’intéresser à des prises de vues plus picturales que journalistiques. D’ailleurs, j’ai toujours une photo que j’ai faite à la Havane dans ces années-là, qui fait, aujourd’hui, partie de mes photographies un peu emblématiques. »

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                     Attente, La Havane - Jean-Robert Franco – 1994

On y voit un personnage installé à un bar, dans une situation de solitude et une ambiance assez dépouillée. Les couleurs ressemblent d’ailleurs un peu à celles d’Edward Hopper.

« On voit bien que la photographie parle un peu de Cuba, si on veut, mais, elle a plus une signification générale sur l’humanité que sur Cuba. »

Cette photo, à l’origine prise dans le cadre d’un reportage, a finalement été conservée dans le travail artistique de l’artiste.  

• • • Des photographies qui ont du sens

« Je crois que j ‘ai toujours été intéressé par l’esthétique dans mon travail. Ce n’est pas seulement qu’une question de composition et de couleurs, c’est aussi une question de signification. Au-delà d’une signification immédiate, sociologique, politique, c’est une signification sur l’humanité, des attitudes humaines dans la vie. »

Jean-Robert travaille avec plusieurs approches photographiques :

Il aime saisir des moments, lorsque la composition, les couleurs et la situation, lui paraissent émouvantes et adéquates au sentiment du monde qu’il observe. C’est le cas avec sa série de photographies qui illustrent bien la vie quotidienne.

Recto-Verso de l'artiste Jean-Robert Franco - 1998

Superpositions de l'artisteJean-Robert Franco - 1983

Ou encore son travail sur « Les choses simples ». Il s’agit ici de photographier des objets d’une grande banalité (tasse cassée, sac plastique…). Comme des natures mortes.

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                            3 œuvres dans l’atelier de Jean-Robert Franco

Avec son regard artistique, il tente de révéler la beauté de la chose, là où d’autres ne l’auraient pas vu, ou bien, pas de la même manière. Il définit ces objets comme des choses ayant une force d’expression, une force plastique par leurs formes, et les jeux de lumières.

Il nous dit : « Kant disait l’art ce n’est pas la représentation des belles choses mais une belle représentation des choses. »

Il travaille également, en créant des mises en scène plus conceptuelles.

Par exemple, son travail sur « les apparitions » consiste à photographier un personnage dans un lieu et installer la photo dans le lieu lui-même, c’est le principe de mise en abime : une photographie dans une photographie.

Mise en abyme dans l’atelier de Jean-Robert Franco

Il a notamment multiplié cette technique de travail dans sa maison dans le Gers. Dans ce lieu d’enfance, chargé de souvenirs, il y a dans chaque pièce des photographies de la pièce avec une personne « qui a été là à un moment donné, qui n’est plus là mais qu’on retrouve sur la photo. Les pièces sont vraiment habitées par ces personnages qui sont comme des fantômes »

Lorsque Jean Robert Franco fait de la photographie de capture, par exemple au bord de la mer, il fait appel au concept de studium et de punctum.

Définit par Roland Barthes, c’est lorsque la situation générale dans laquelle on fait la photographie (le studium) rencontre quelque chose qui apporte une émotion particulière (le punctum). Pour Franco, le punctum prend la forme d’un regard, d’un geste, d’une attitude, d’une démarche ou encore d’une posture qui l’intéresse.

« D’une part il faut que je sois dans un endroit qui me convient bien, où je sais qu’il peut se passer des choses, et ensuite à un certain moment les choses s’organisent bien d’un point de vue graphie, d’un point de vue de la construction de l’image et en même temps il y a ce qui me touche, le punctum. »

• • • Quelles sont vos fiertés artistiques ? 

« Le meilleur moment c’est quand un collectionneur que je ne connais pas achète une œuvre, car c’est vraiment pour mon travail ».

« Au niveau reconnaissance institutionnelle, j’ai une œuvre dans la collection du Centre Pompidou. Ça me fait plaisir parce que c’est rassurant. Cette photo a d’abord été achetée par le FNAC (Fond National d’Art Contemporain) et ensuite prise par le Centre Pompidou pour sa propre collection. »

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Le baiser de l'artiste Jean-Robert Franco – 1985
• • • PROJET FUTUR

En reprenant le concept de mise en abime, il espère installer sur la promenade des Anglais à Nice une vingtaine de panneaux issus d’une série de photographies travaillées spécialement pour l’occasion. « L’idée est d’installer des photos en grand format dans lesquelles les personnages sont à l’échelle 1 et de les installer dans le lieu où j’ai fait ces photos. » 

• • • Un artiste, 3 mots 

Selon Jean-Robert Franco les 3 mots qui définissent au mieux son travail sont : « composition, couleur et émotion ».

« Il faut qu’il y ait les 3, il faut que l’attitude d’un personnage, un regard ou qu’un corps m’émeuve. Ensuite il faut qu’il soit dans le cadre d’une composition qui soit juste avec des couleurs qui fonctionnent bien entre-elles. Ce sont les trois clefs pour moi pour qu’une photo se tienne. Quand il n’y a que la composition et pas l’émotion, on dit que c’est beau, c’est graphique, mais qu’il manque un élément. Quand, on photographie un personnage dont le regard est très émouvant mais que c’est mal cadré, ça ne fonctionne pas. Quant à la couleur, on ne peut pas faire comme si elle n’existait pas, non seulement on en tient compte mais on joue avec. »

• • • LE MOT DE LA FIN ...

Nous avons eu beaucoup de plaisir à discuter avec ce photographe passionné et talentueux. Merci beaucoup à lui de nous avoir partager toutes ces belles choses sur ses inspirations ou bien sa méthode de travail. C’était très enrichissant et surtout très … beau !

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Atelier de l'artiste Jean-Robert Franco 

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